Interview de Margaux Faes : "Ma vie d’avant… Petit Patron"
Nous vous proposons aujourd'hui l'interview de Margaux Faes de Petit Patron, sa marque de... patrons de couture, sur laquelle elle réfléchissait depuis sa sortie de l'école... 4 ans plus tôt.
Margaux, quel est votre parcours scolaire ? Votre vie d'avant Petit Patron c'était ? Quel fut le déclic, comment l'idée de créer Petit Patron est-elle venue ?
J’ai commencé les loisirs créatifs à l’âge de 3 ans poussée par une maman très créative. A 7 ans j’ai débuté la couture à ses côtés et je suis devenue tellement accro qu’à 10 ans elle m’a offert ma propre machine à coudre. J’ai très vite commencé à me coudre mes vêtements, passionnée par la culture japonaise je ne pouvais pas m’acheter les vêtements que je voyais sur les blogs japonais et j’ai commencé à les faire. Vers 15 ans, j’ai ouvert ma boutique de bijoux et de vêtements que je créé sur Dawanda (ancien équivalent de Etsy) et j’ai commencé les salons de créateurs de ma région. A l’heure de décider de mon avenir, je me suis tournée naturellement vers une école de mode. J’ai appris les métiers de styliste et de modéliste durant 3 ans, après une formation femme je me suis tournée vers une spécialisation homme et sportwear.
Une fois mon diplôme en poche, je suis allée travailler plusieurs années à Paris mais j’ai vite réalisé que mon envie était ailleurs que dans le monde de la mode. J’ai d’abord lancé mon blog couturedebutant.fr qui a rencontré un succès qui m’a rapidement permis de m’y consacrer pleinement. Une année plus tard j’ai lancé Petit Patron, ma marque de patrons de couture sur laquelle je réfléchissais depuis ma sortie d’école 4 ans plus tôt. J’adore coudre, j’adore imaginer des projets mais je ne me reconnais pas dans le système de consommation actuel c’était donc assez naturel de créer des produits qui permettent de ne pas surconsommer. J’adore découvrir les créations de chaque personne, c’est comme une nouvelle collection à chaque photo partagée par les lecteurs et clients.
Quel fut l'avis de votre famille, de vos amis ?
Sachant qu'à 15 ans j'avais déjà entamé des projets d'entreprenariat ça n'a surpris personne. Quand je me suis lancée j'étais à Paris donc c'était un peu compliqué pour les proches de comprendre mon activité mais je n'ai eu personnes qui m'a découragé. Pour autant, je n'ai pas eu un soutien clair car beaucoup avait peur que ca soit impossible de s'en sortir et que je sois en difficulté permanente. Lorsqu'on se lance dans l'entreprenariat nous sommes vraiment seul. Même si on a du soutien moral, tout est à faire seul. Il n'y a pas un supérieur ou un collègue pour vous former et vos proches ne sont pas vraiment utiles. Ils sont présent moralement sans comprendre le poids de l'entreprenariat.
De l'envie de créer Petit Patron à sa création, combien de temps en tout et quelles étapes furent les plus dures ?
Il y a eu 4 années de questionnement avant de se lancer qui était lié à la peur puis je n'ai pris que 4 mois pour réellement lancer le projet. Je me suis réveillée un jour en me disant que de toute manière il fallait bien se lancer, j'ai poser une date de "lancement officiel". J'ai convaincu une boutique de machine à coudre de m’accueillir le temps d'une soirée pour présenter ma marque, nous avons choisi une date et à ce moment c'était en route. Le 15 septembre je n'avais pas d'autre choix que d'aller à cette soirée avec des patrons à présenter. Depuis, je continue de construire le projet mais maintenant nous sommes plusieurs à le faire avancer.
Ce qui a changé du jour au lendemain suite à cette création d'entreprise ?
Il n'y a pas grand chose qui a changé du jour au lendemain car j'ai toujours eu des activités de "freelance" en parallèle même quand j'étais étudiante donc je n'ai pas senti un grand chamboulement face au rythme intensif de l'entreprenariat. Côté rémunération, j'ai sentie une baisse qui m'a mise dans le rouge tout de suite puisqu'à l'époque je ne gagnais que le Smic et il faut des années pour se verser l'équivalent d'un smic quand on est à son compte mais j'y étais préparé.
Votre journée type actuelle ?
Je me réveille vers 6h, je pars marcher 40 minutes avant de me préparer et de me mettre au travail entre 7h et 8h. Je fais de l'administratif le matin quand je suis encore motivée car ce n'est pas la partie la plus plaisante mais c'est une grosse partie de mon travail. Une fois arrivée au bureau on fait un point avec les personnes qui sont présentes ce jour là. Pour ma part, je couds très peu maintenant, je suis surtout à l'administratif, je m'occupe de la communication le matin avec mon bras droit en communication. L'après midi est réservée, en général, au shooting photo, rendez-vous pro et tournage vidéo. Et ma journée s'arrête entre 17h et 21h suivant la charge de travail du moment.
L'anecdote qui a marqué votre aventure entrepreneuriale ?
J'ai rencontré Charlotte à l'âge de 15 ans, nous étions les seules ado à participer aux salons de jeunes créateurs de notre région. Nous nous croisions sur ce genre d'évènement et le hasard à fait qu'on s'est retrouvé dans la même école de mode quelques années plus tard. Elle était en dernière année quand j'ai commencé ma première année. Nous nous sommes à nouveau perdue de vue à cette période et le hasard à fait qu'on s'est recroisé 7 ans plus tard quand nous étions toutes les deux revenues de nos années parisiennes. Nous avons découvert que nous avions lancé toutes les deux notre propre entreprise le même jour de la même année sans se concerter. Aujourd'hui, Charlotte et mon associée pour ma seconde entreprise (une mercerie en ligne atelierneko.com).
A refaire, concernant votre entreprise, vous referiez quoi ?
Je crois qu'il n'y a pas grand chose que j'aimerais "modifier". Je suis heureuse de m'être lancée jeune car j'avais l'énergie, le temps et la vie personnelle totalement dédiée à mon projet. C'est difficile d'entreprendre car il faut être très fort moralement et physiquement car les journées sont longues et elles continuent dans notre esprit le soir, la nuit, durant nos vacances. Elle est aussi difficile matériellement parlant car peu d'entrepreneur réussisse au point d'avoir une vie de rêve financièrement. La réalité est bien plus modeste pour la quasi totalité et prendre ces risques de salaires quasi invisible pendant 4 ans avec une vie de famille ou des envies de voyages c'est difficile. En ayant lancé ma société jeune j'ai pu retourner chez mes parents pour ne plus avoir de loyer ce qui m'a énormément aidé et ça je ne l'aurai pas fait à 30 ou 40 ans.
Quels conseils donner à ceux qui veulent créer leur entreprise ?
D'un côté il faut croire en son projet. Il ne faut pas espérer mais vraiment y croire. Se dire que de toute manière on ne peut pas respirer sans ça mais aussi est surtout se renseigner réellement. Poser des questions à ceux qui l'ont fait avant et leur demander de parler ouvertement de la réalité. Il faut bien connaitre son secteur, comprendre les sacrifices qui vont avec et se demander ce qu'on a de plus a apporte. Si on veut faire la même chose que ce qui existe, la place est déjà prise, le leader est déjà là et difficile de pouvoir espérer faire vivre le projet longtemps quand on a que les miettes. Il faut vraiment apporter quelque chose de nouveau, un angle qui change, une cible différente. Et se faire accompagner par des organismes qui vont nous aider sur le plan administratif, juridique et financier car il y a énormément d'obligations qu'il ne faut pas négliger.
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Allez les Françaises, Allez les Français – Août 2020
Photos mises en ligne avec l’accord de la marque Petit Patron.
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