L’interview Accompagnement et réseau féminin : à votrE service - Action Femmes Grand Sud

Interview de Françoise Baraquin, présidente de l’association Action Femmes Grand Sud.

Pouvez-vous nous présenter votre structure et son historique ?

Action Femmes Grand Sud est une association reconnue d'intérêt général, créée fin 2011 à Toulouse. Notre objectif est d'aider les femmes de plus de 45 ans à retrouver un emploi ou à créer leur entreprise. Nous avons commencé avec 5 bénévoles et aujourd'hui, nous en comptons 68, répartis sur nos trois antennes : Toulouse, Albi (ouverte en 2017) et Montpellier (ouverte en 2021).

 

Quels sont les principaux services qu'Action Femmes Grand Sud propose aux femmes entrepreneures ?

Nous leur proposons un suivi gratuit, personnalisé et régulier avec un bénévole consultant attitré, des ateliers thématiques collectifs sur la confiance en soi, sur comment valoriser son âge, sur les réseaux sociaux… ; une plateforme pédagogique d’accompagnement à distance, à base de ressources et d’exercices pratiques, pour qu’elles puissent explorer à leur rythme leurs envies de création ; des conseils, des échanges…

 

Quels sont les critères d'éligibilité pour rejoindre votre réseau ou bénéficier de votre accompagnement ?

Il faut être une femme de plus de 45 ans, être inscrite à France Travail depuis moins de 2 ans et habiter en Occitanie.

 

Quelle est la devise (ou philosophie) de votre structure ?

« Le parcours de la réussite ».

Cette phrase incarne l'engagement de l'association à accompagner les femmes dans leur cheminement professionnel et comment elle aide les femmes à croire en elles-mêmes et en leur potentiel. Le mot « parcours » souligne que chaque femme a un chemin unique à suivre. Le mot « réussite » va au-delà du simple succès financier. Il inclut la réalisation personnelle, le développement de compétences, la confiance en soi et l'épanouissement professionnel, pour aboutir à la réussite.

 

Quelles sont les principales difficultés rencontrées par les femmes entrepreneurs que vous accompagnez, et comment les aidez-vous à les surmonter ?

Les femmes que nous accompagnons manquent de confiance en elles, elles ont du mal à valoriser leurs aptitudes professionnelles et personnelles. Elles hésitent à sauter le pas de la création, elles ont besoin d’aide pour formaliser leur projet, définir leur offre, organiser leur communication… Nous les accompagnons pour surmonter ces obstacles grâce à notre parcours bienveillant, personnalisé et collectif.

 

Que diriez-vous à celles qui hésitent à adhérer ?

« Osez franchir le pas ! Nous sommes là pour vous suivre tout au long de votre parcours de création ».

Y a-t-il des chiffres ou des anecdotes marquantes sur l’évolution des entrepreneures que vous accompagnez ?

Depuis notre création, nous avons accompagné plus de 600 candidates aux profils très diversifiés avec un taux de réussite constant de près de 80 %. 16 % ont créé leur activité, les autres ont soit retrouvé un emploi ou repris une formation.

Quels sont les futurs projets ou initiatives que vous envisagez pour améliorer l'accompagnement des femmes entrepreneures ?

Nous diversifions les profils de nos bénévoles en intégrant des expertes sur la création d’entreprise, soit par leur domaine de compétences, soit par leur propre expérience dans le domaine. Nous organiserons des rencontres entre les bénéficiaires devenues créatrices et toutes celles qui sont passées par notre association, pour renforcer leur réseau.

 

Quels sont, selon vous, les principaux défis que rencontrent les femmes entrepreneures aujourd'hui ?

La plupart souffre du « syndrome de l'imposteur », doutent de leurs compétences et de leur légitimité. Elles sous-estiment leurs capacités, hésitent à se mettre en avant.
Elles doivent jongler entre les exigences de leur entreprise et celles de leur vie personnelle et familiale : enfants ou parents vieillissants à charge. Ce qui peut générer stress et culpabilité. Elles rencontrent aussi plus de difficultés à obtenir des financements que leurs homologues masculins. Elles sont souvent confrontées à des préjugés sexistes.

 

Selon vous, qu’est-ce qui différencie le parcours entrepreneurial d’une femme de celui d’un homme ?

Les femmes rencontrent des obstacles spécifiques, comme les stéréotypes de genre ou la difficulté à se faire une place dans certains secteurs encore majoritairement masculins, comme la tech, la construction ou l’industrie. Elles peuvent alors rencontrer des résistances, un manque de crédibilité ou un sentiment d'isolement. Elles font aussi souvent face à des préjugés sur leurs capacités à diriger, elles doivent plus que les hommes prouver leurs compétences, leur légitimité. Elles reçoivent en moyenne moins de financements que les hommes. Elles disposent de moins de modèles féminins, ce qui limite l’inspiration et l’identification.

 

Pourquoi est-il important, selon vous, de soutenir spécifiquement l’entrepreneuriat féminin ?

Il est important de soutenir l'entrepreneuriat féminin car cela contribue à l'égalité économiques entre les femmes et les hommes, à la diversité en matière d’innovations, de produits, de services, d’approches, d’expériences, de management. Cela contribue aussi à inspirer les jeunes générations. Chez Action Femmes Grand Sud, nous sommes convaincus que l'autonomisation des femmes entrepreneures est un levier puissant pour créer une société plus équitable, innovante et prospère.

 

Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui veulent se lancer dans l'entrepreneuriat ?

Je leur conseillerai de bien se préparer, de prendre en compte que la création et le développement de leur projet nécessitent un investissement 7 jours sur 7 et 365 jours par an. Il est important qu’elles s’assurent que leur entourage est conscient de la charge mentale à venir. Je leur dirai aussi qu’il est tout à fait possible de sous-traiter les compétences qui leur manquent.

 

Quelles sont les erreurs courantes que vous constatez chez les nouvelles entrepreneures, et comment les éviter ?

Une erreur courante est de sous-estimer l'importance du réseau. Je recommande vivement de participer à des événements professionnels et de rejoindre des réseaux d'entrepreneurs.

 

Quels sont les réseaux et ressources que vous recommandez aux femmes entrepreneures en dehors de votre propre organisation ?

Je leur conseille d'explorer des réseaux comme Les Premières, Willa, Les Audacieuses (La Ruche) ou Réseau Entreprendre qui offrent un soutien précieux, de tester leur projet dans des incubateurs comme Première Brique. Et de s’appuyer sur des ressources comme les sites Bpi France Créations ou Bercy Entreprises qui listent les dispositifs régionaux et les aides financières destinées aux femmes qui veulent créer leur activité.

Quels sont en général les déclics pour une femme qui décide d’entreprendre ?

Les déclics viennent souvent d'un désir de liberté, d'indépendance ou de la volonté de donner vie à une idée innovante, utile pour la société.

 

Quel est le mythe le plus tenace sur l'entrepreneuriat féminin ?

Un mythe tenace sur l'entrepreneuriat féminin est qu'il serait incompatible avec une vie de famille épanouie. C'est faux, avec une bonne organisation, tout est possible !

 

Comment voyez-vous évoluer le rôle des femmes dans le monde entrepreneurial au cours des prochaines années ?

Je vois l'avenir de l'entrepreneuriat féminin avec optimisme. Les mentalités évoluent et de plus en plus de jeunes femmes osent se lancer.

 

Y a-t-il quelque chose que vous aimeriez partager ou ajouter pour encourager les femmes à entreprendre ?

Je leur dirais : "Croyez en vous, osez, et n'ayez pas peur de demander de l'aide. Des structures comme la nôtre sont là pour vous soutenir."

 

Quelles sont les femmes que vous admirez le plus ?

Christine Lagarde, Olympe de Gouges, Simone Veil, Sophie Lavaud…

 

Merci de finir cette phrase : « L’entrepreneuriat au féminin c’est… »

L'entrepreneuriat au féminin, c'est oser être soi-même et transformer ses rêves en réalité, tout en inspirant d'autres femmes à faire de même.

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Allez les Françaises, Allez les Français – Novembre 2024

Crédits Photos : AFGS

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Olivier Marone