Interview "Egalement Champion Espoir" de Clément Dorigo, Champion d'Europe U 23 par équipes à l’épée
Bonjour Clément, peux-tu te présenter en quelques mots.
Bonjour, je m’appelle Clément Dorigo j’ai 21 ans, je suis escrimeur dans la spécialité de l’épée. Je suis en parallèle des études de kinésithérapies. Je m’entraine chaque jour à l’INSEP, plusieurs heures chaque jour. Je suis triples champion d’Europe par équipe dans des catégories jeunes.
Peux-tu nous présenter ta discipline, l'épée ?
L’épée est l’arme du combat par excellence. Les règles sont simples, on peut toucher tout le corps de l’adversaire que cela soit le tronc, le pied, la main, le masque ou même le dos, avec la pointe de l’épée. Si les deux adversaires se touchent en même temps, ils gagent chacun 1 point.
Comment es-tu arrivée à l'escrime et plus particulièrement à l'épée ?
Je suis arrivé à l’escrime grâce à l’école primaire, c’était le sport du jeudi après-midi quand j’étais au CP. Je trouvais ça amusant de toucher son adversaire, il fallait être malin. Puis, j’ai pris ma licence au club de Chantilly 3 ans plus tard. Quand j’étais petit (-12 ans), on ne pouvait pratiquer que le fleuret et après l’épée donc j’ai attendu d’avoir l’âge requis pour prendre une épée. Je préférerai l’épée parce que je trouvais cette arme plus complète, on peut toucher partout. En plus, mon entraineur préférait entrainer à l’épée.
Intéressé par un autre sport à l’époque ?
Je suis sportif depuis tout petit, ma mère étant une ancienne judokate de haut niveau, dès que j’ai pu je suis monté sur le tatami. J’ai pris goût au sport et à la compétition par le judo. Puis, j’ai pris ma licence en escrime, je faisais les deux sports. Et l’escrime est passé en priorité.
Ton premier souvenir "escrime" ?
Mon premier souvenir "escrime" serait surement la première fois où j’ai mis une touche au pied, je venais de passer à l’épée après n’avoir fait que du fleuret où seul le tronc est une cible autorisé. Et ça m’a amusé, la touche au pied c’était pour moi la touche des grands, de ceux que je voyais à la télé.
Qu’est-ce qui te plaît dans ce sport ?
Il y a beaucoup de choses qui me plaisent dans ce sport. La première serait sa capacité de créativité, il y a tant de mouvements différents, de possibilités pour une seule touche. Chacun a sa manière de s’exprimer, de vouloir toucher. La seconde est peut être ce qui nous plait à tous, c’est que tout le monde peut battre tout le monde, peut importe la taille, le poids, la nationalité.
Peux t'on vivre de "l'escrime" ?
Je vais répondre oui et non. Non car c’est un sport amateur donc nous n’avons pas de salaire de notre club sauf une très petite partie des meilleurs. Nous suivons tous un parcours scolaire afin d’avoir un métier pendant et après notre carrière. Le oui serait vraiment pour les meilleurs, ils peuvent décrocher des contrats avec des marques et des sponsors qui leurs permettent de vivre de l’escrime mais ces contrats sont à durée déterminée. Pour ma part, mon club me prend en charge toutes mes compétitions ce qui permet à ma famille de ne pas avoir de coût pour l’escrime.
Qu’est-ce qui te fait lever le matin ? Qu’est-ce qui te motive ?
Ce qui me fait lever le matin et qui me motive ce sont les JO. C’est déjà ce qui m’émerveillait quand j’étais petit, je pensais pas faire de haut niveau et petit à petit c’est venu à moi. C’est tellement plaisant de se lever chaque matin avec un objectif, l’envie d’être meilleur chaque jour un peu plus.
Comment s’organise ta saison sportive ? Peux-tu nous décrire une journée type ?
La saison sportive suit l’année scolaire, les entraînements commencent en septembre jusqu’à juillet. Les compétitions commencent vers le mois d’octobre, les coupes du monde dès fin novembre, et les championnats d’Europe et du Monde sont en juin et en juillet. Nous avons 8 coupes du mondes où 12 français sont sélectionnés. A l’issu de ces 8 coupes du monde, une commission choisi les 4 meilleurs afin de constituer l’équipe de France qui ira chercher les titres aux deux championnats d’Europe et du Monde.
Quel est ton épéiste préféré ?
Gauthier Grumier pour son efficience et sa capacité à être d’une précision incroyable, et Jung Jingsung un coréen très créatif et joueur, un vrai show man.
A quel épéiste ressembles-tu le plus ?
Étant donné mon physique atypique je n’ai pas l’impression de ressembler à un épéiste en particulier.
Quelle personnalité t’inspires et pourquoi ?
Steve Jobs, pour sa personnalité hors norme, sa capacité à continuer son projet à tout prix, même s’ils allaient à l’encontre de la façon de faire du moment. Et aujourd’hui même s’il n’est plus de ce monde, tout le monde connait la marque à la pomme. C’est sa persévérance qui a payé.
La personnalité que tu rêverais de rencontrer ?
Teddy Riner pour son palmarès, sa capacité à continuer de travailler alors qu’il a tout gagner plusieurs fois. Afin d’avoir des informations sur sa façon de gérer les coups durs, la pression, sa préparation mentale.
Qui vas-tu voir le plus souvent pour des conseils ?
Mon préparateur mental qui me suit depuis 5 ans maintenant, c’est lui qui m’a aidé dans mes moments les plus bas.
Le meilleur conseil qu'on t’a donné ?
C’est surement de vivre dans le présent.
Quelle est ta plus grande fierté jusqu’à aujourd’hui ?
C’est d’avoir vu mes parents en larmes de joie lorsque j’ai battu le n°2 mondial à Paris en mai 2019.
Quel a été ton plus grand moment de tristesse sportif depuis tes débuts ?
Mon plus grand moment de tristesse sportif c’est lors des championnats du monde junior en 2016, on avait remporté la médaille d’argent aux championnats d’Europe, on avait préparé ce championnat du monde qui se déroulait en France depuis un mois, on était surmotivé, nos familles étaient là et on a perdu au premier tour 45-44.
Es-tu de nature stressé ? Et comment fais-tu pour faire diminuer ce stress ?
Je suis de nature stressé, et anxieux par l’idée de perdre. Pour diminuer le stress j’ai un mémo avec beaucoup de phrases qui me touchent, m’apaise. J’utilise aussi la relaxation par la respiration.
As-tu un rituel avant un assaut ?
Oui, je fais quelques exercices afin de monter en fréquence cardiaque, puis je me mets dans ma bulle, avec de la musique et des phrases qui me sont propres. Si je connais l’adversaire je vais programmer une stratégie et si je ne le connais pas je vais regarder son jeu en vidéo, ou je vais demander conseils aux plus vieux.
Que fais-tu pour te défouler ?
J’aime écouter de la musique, courir et taper dans un sac de frappe jusqu’à épuisement.
Ta principale qualité ?
C’est de toujours tout donner, de toujours travailler pour donner le meilleur.
Ton pire défaut ?
Être assez pessimiste envers moi même, toujours un peu trop exigent.
Un défaut que tu ne supportes pas chez les autres ?
J’ai du mal à supporter les gens têtus, qui n’acceptent pas le débat alors que je trouve ça vraiment enrichissant d’avoir des points de vus différents et d’en discuter.
Une qualité que tu apprécies chez les autres ?
Attentionné.
Une devise ?
Ici & maintenant : toujours dans le présent.
Ton expression favorite ?
"Je suis le maitre de mon destin, le capitaine de mon âme".
As-tu un surnom ?
La Dorigue.
Ton plat préféré ?
Sans hésiter, les sushis, le saumon cru.
Ta boisson préférée ?
Le thé vert.
Si tu étais un acteur ?
Johnny Depp, j’aime ses différents personnages et l’univers dans lequel il évolue avec le grand Tim Burton ou encore dans pirates des caraïbes.
Ton film préféré ?
Iron man certainement, c’est le premier super héros sans pouvoir alors on peut tous être Iron Man.
Ta série préférée ?
La Casa de Papel.
Ton artiste préféré ?
Nekfeu pour la complexité et la richesse de ses textes.
Gourmandise préférée ?
Les Haribos, tous, j’adore les bonbons.
Si tu étais un humoriste ?
Je serais Roman Freisiney.
Si tu étais une chanson ?
The neighbourhood - sweater weather.
L’appli indispensable et pourquoi ?
Snapchat, ça permet de voir ce que font mes amis, de communiquer avec eux tout en les voyants, et puisque les photos ne restent pas on peut en faire des moins sérieuses.
Une émission télé ?
Fort Boyard pour la nostalgie, je regardais cette émission chez mes grands parents quand j’étais petit.
Regardes-tu du sport à la télé, si oui, lesquels ?
Je regarde peu la télé car je ne l’ai pas à l’INSEP mais j’aime regarder tous les sports en général, et surtout quand il y a une équipe de France. Je suis un peu chauvin.
Ton petit plaisir un peu honteux ?
Rester dans mon lit tout le samedi quand je n’ai pas de compétition et manger des bonbons.
Qu’emmènes-tu sur une île déserte ?
Ma chérie même si elle ne fait ni a manger, ni la vaisselle et qu’elle a peur des petites bêtes.
Si tu étais une partie du corps ?
Les yeux, on voit beaucoup de choses chez les gens juste avec leur regard.
Si tu devais changer une chose chez toi, une seule, quelle serait cette chose ?
Mes jambes, elles sont vraiment très musclées et pour s’habiller c’est pas simple.
Si tu avais un super pouvoir ?
J’aimerai voyager dans le temps, pour voir les vieilles civilisations, l’histoire de France et surtout voir comment la vie sera dans les siècles à venir.
À quoi penses-tu avant de t’endormir ?
Je pense souvent à ce que je vais faire le lendemain, prévoir un peu ma journée et des choses primordiales à faire.
Un rêve de gosse ?
Aller aux JO et les gagner évidement, sur le podium les bras levés, puis la Marseillaise la main sur le cœur devant ma famille et mes proches.
Quels sont tes objectifs pour l’avenir ?
Mes objectifs sont d’être champion du monde et champion olympique. Et obtenir mon diplôme de kinésithérapeute.
Des personnes que tu aimerais que nous interviewons ?
C’est surement cliché mais Teddy Riner. Des références de petits sports peu médiatisé tels que le kayak, le badminton afin de les mettre un peu en avant aussi.
La question que tu aurais aimé que l’on te pose ?
"Comment gérer le sport + les études", ce qu’on ne dit pas quand on est sportif de haut Niveau sur les efforts, les sacrifies.
Allez les Françaises, Allez les Français – Mars 2020
Photos mises en ligne avec l’accord de Clément Dorigo.
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