L’interview "La semaine avec..." Johann Bayrou, Fondateur & PDG de PairKel
Johann fait partie de la cinquième génération d’une famille d’artisans d’excellence originaire de la vallée de Briançon. Ancien hockeyeur professionnel, il perpétue l’aventure intergénérationnelle débutée en 1890 par son arrière-arrière-grand-père avec la commercialisation de sa marque de vêtements de sport d’excellence entièrement recyclés : PairKel. Chaque modèle est produit en série limitée à 100 exemplaires.
Merci de terminer cette phrase “Faut-il être inconscient pour entreprendre ou…”
…est-ce simplement une question de faire le premier pas ? Certains chefs d’entreprises disent qu’il faut être inconscient, tandis que d'autres affirment avoir réussi grâce à une réflexion mûrie et des décisions calculées. À mon sens, entreprendre, c’est avant tout franchir ce seuil qui mène à l’action. Il y a un temps pour réfléchir mais vient un moment où il faut agir. C’est en osant prendre cette initiative, en osant faire le premier pas, que les choses se concrétisent et que l’on devient véritablement entrepreneur. L’inconscience, la réflexion… Ces traits que l’on considère souvent décisifs, ne sont, à mes yeux, que des facettes de notre caractère. Il n’y en a ni de bons ni de mauvais, mais plutôt un besoin de reconnaître ceux qui nous correspondent le mieux, et de savoir les mettre au service de notre ambition. Start now figure out later comme disent les américains.
Une entreprise : C’est une idée ? De la “transpiration” ? Une idée et beaucoup de transpiration ? De la transpiration et une idée ?
Cette citation du livre Pastorale américaine de Philip Roth m’inspire sur la réponse à cette question : “Il semblait que s'il avait une idée en tête, même saugrenue, il en tirerait quelque chose de grand.” Pour moi, une entreprise ne se réduit pas à une simple idée ou à un effort acharné : c’est bien plus que cela. C’est une vision, des convictions profondes, et d’une certaine manière, un prolongement de soi-même. L’idée et l’effort sont deux composantes essentielles d’une entreprise, mais ce qui compte vraiment, c’est ce qu’on en fait. Certains possèdent une idée à fort potentiel mais n’en tirent rien, tandis que d’autres, avec une idée incomplète, parviennent, comme le dit si bien Roth, à en faire quelque chose de grand.
Quels sont les facteurs clés de succès pour réussir dans l’entrepreneuriat selon vous ?
Le terme “clé” est particulièrement bien choisi. La clé de notre voisin n’est pas forcément compatible avec notre serrure, et elle n’ouvrira donc pas notre porte. Actuellement en plein processus de fabrication des clés qui me permettront d'ouvrir mes portes, il m’est difficile d’affirmer avec certitude leur efficacité pour le moment… Cependant, je peux partager cinq notions qui, à mes yeux, sont essentielles pour le développement de PairKel et de ma personne :
S’entourer de personnes plus talentueuses et plus compétentes que soi dans des domaines clés, et savoir les convaincre de rejoindre l’aventure en leur donnant envie de s’engager.
Cultiver son intelligence émotionnelle pour bâtir et entretenir un réseau solide.
Développer sa curiosité en s’intéressant de manière attentive et intentionnelle.
Connaître et comprendre la valeur de l’effort pour en faire un pilier de sa culture d’entreprise.
Faire preuve d’audace et oser sortir de sa zone de confort.
Le produit Made in France qu’aucun autre pays ne fera mieux que nous ?
La France brille à travers une multitude de produits qu’elle maîtrise mieux que quiconque. Les trésors de notre terroir, issus du travail de nos éleveurs et agriculteurs. Les œuvres de notre culture, façonnées par nos écrivains, penseurs et artistes. Les créations de notre artisanat, nées dans des entreprises familiales où un savoir-faire unique se transmet de génération en génération.
Cependant, il existe un autre domaine dans lequel la France excelle, mais qui pose de sérieux défis aux chefs d’entreprises, artisans et auto-entrepreneurs : l’impôt. C’est un domaine où nous sommes difficiles à battre. Avec des prélèvements obligatoires représentant 46,1% du PIB, selon les derniers chiffres de l’OCDE (édition 2023 des “Statistiques des recettes publiques”), la France se distingue clairement. Par la complexité et l’ampleur de notre système fiscal, nous avons su atteindre un niveau que peu de pays peuvent égaler. C’est presque devenu un art que nous avons su perfectionner.
L’entreprise française existante que vous auriez aimé créer ?
Je pense immédiatement à J.M. Weston. Fondée en 1891, cette maison de chaussures a établi sa manufacture au cœur du Limousin, une région riche de traditions séculaires en matière de tannage et de travail du cuir. J.M. Weston incarne un savoir-faire artisanal d’exception et une élégance française intemporelle, faisant rayonner son expertise à travers le monde. C’est une marque qui allie profondeur, sens et raffinement, des qualités auxquelles PairKel aspire.
L’anecdote entrepreneuriale qui vous a marqué ?
Sans hésiter, celle de Philippe de Chanville, CEO de ManoMano, avec qui j’ai eu le plaisir d’échanger dans le podcast Chapeau Bas que j'anime avec mon meilleur ami Luca Basile Gonzalez. Ancien investisseur dans un fonds parisien, il côtoyait quotidiennement des entrepreneurs. Après 10 ans, il a eu un déclic en se demandant simplement : Est-ce que ce que je fais dans la vie correspond vraiment à mon talent ? C’est ce questionnement qui l’a poussé à passer de l’autre côté de la table et à devenir entrepreneur lui-même.
Cette anecdote m’a marqué, car en discutant avec Philippe, j’ai réalisé que tout l’enjeu est d’apprendre à se connaître.
Comme il l’a si bien exprimé durant notre échange :
“Les gens qui accomplissent des choses incroyables ne sont pas ceux qui luttent contre leurs défauts, mais ceux qui ont su trouver leur talent et s’appuient dessus pour grandir et se développer. Tu ne peux pas exceller en tout, et ce n'est pas le but. Quand tu fais ce pour quoi tu te sens fait, ton énergie et ta concentration sont décuplées, tu te sens à ta place, les idées affluent, et tu sais que tu es sur la bonne voie.”
Une personnalité pour représenter l’entreprise “France” et pourquoi ?
Je choisirais Thierry de la Tour d’Artaise, ancien PDG du groupe SEB et désormais président du Conseil d’administration, car il incarne à mes yeux l’esprit entrepreneurial français dans toute sa réussite et sa vision. À la tête d’une entreprise emblématique du patrimoine français, avec des produits iconiques comme la cocotte-minute ou le presse-purée, il a transformé SEB en leader mondial du petit électroménager. Sous sa direction, le groupe est passé de 12 000 à 35 000 salariés dans plus de 150 pays, et son chiffre d’affaires a explosé de 1,7 milliard à 8 milliards d’euros.
Visionnaire et stratège, il a mené 22 acquisitions en 22 ans, dont une opération unique dans le monde industriel : obtenir l’aval du gouvernement chinois pour prendre le contrôle de la marque Supor, cotée à la Bourse de Shenzhen. En observant l’empreinte qu’il a laissée sur le groupe et les décisions qu’il a prises tout au long de son parcours, je trouve qu’il se distingue par sa capacité à s’adapter, à trouver des solutions, et à maintenir une vision stratégique claire. Son succès à l’international, fondé sur la patience et la ténacité, en fait selon moi, une figure idéale pour représenter l'entreprise “France”.
Le site
https://www.instagram.com/pairkel_officiel
Allez les Françaises, Allez les Français – Septembre 2024
Photos mises en ligne avec l’accord de la marque PairKel
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