Interview "Egalement Championne" de Laure Fournier : Première française Championne du Monde de sambo sportif en 2018 (-56 kg), Championne d'Europe en 2019
Bonjour Laure, peux-tu te présenter rapidement ?
Bretonne (née dans le Morbihan) et Grande-Bretonne (ma mère est Britannique), j’ai grandi à Brest, Toulon, en Grande-Bretagne (1an, le CM2) et au Portugal (mes années lycée). J’ai ensuite fait mes études à Rennes (classe préparatoire intégrée à l’ENSCR) puis à Montpellier (ENSCM) où j’ai obtenu mon diplôme d’ingénieur chimiste. Diplômée, je me suis lancée dans le business développement d’entreprises technologiques vers l’international pour allier mes connaissances techniques, la polyvalence du métier d’ingénieur, et les langues (je parle français, anglais, portugais, allemand et espagnol). C’est à travers Business Crescendo, ma première entreprise, que je rencontre YellowScan, où je travaille actuellement en tant qu’ingénieur export.
Laure, peux-tu tout d’abord nous présenter ta discipline, le sambo ?
Le sambo est un sport de combat russe développé dans les années 1930 pour les armées russes. Sambo est la contraction de « Samozachtchita bez oroujiya» qui veut dire auto-défense sans armes. L’idée est de pouvoir se défendre à mains nues sur un champ de bataille si cela passe au corps à corps. Le sport a ensuite évolué pour en faire un sport spectaculaire de compétition avec deux formes : le sambo sportif, que je pratique, qui allie projection, travail au sol et soumissions ; et le sambo combat où le pied-poings est ajouté, ainsi que les coups de tête, genou, coude…
Comment es-tu arrivée au sambo ?
Je suis arrivée au sambo en 2012. A l’époque je faisais du judo uniquement, à bon niveau (je me qualifie aux Championnats de France 1e division cette année-là), mais j’avais déjà vaguement entendu parler du sambo à travers les résultats de la Bretonne Tiphaine le Gall. En 2012 donc, on me propose de faire le championnat de France qui avait lieu à Molsheim. Une sacrée aventure, une bonne ambiance, et un sport proche du judo avec une tactique à mettre en place qui m’attire. Malgré mon titre obtenu, je ne suis pas sélectionnée pour les championnats d’Europe 2012 car je n’avais qu’une licence, je ronge donc mon frein en regardant sur internet les combats des français : ce sport m’a hypnotisé !
Je suis ensuite sélectionnée la saison suivante pour les Championnats du Monde 2012 où je termine 3e. Une médaille de bronze pour ma première participation, une défaite cuisante en demi-finale contre la Bulgare, de quoi me rendre complètement accroc ! J’adore la compétition, et l’objectif de battre cette Bulgare puis d’accéder au sommet du podium deviendra une priorité sur les années qui suivent !
Intéressé par un autre sport à l’époque ?
Je suis judoka de formation, et à l’époque je combattais au niveau national français. Mais j’aime également le surf, l’escalade, la randonnée, la voile… Le sport quoi !
Ton premier souvenir "sambo" ?
Mes 1e championnats de France en 2012, il faisait -18°C dehors, et on était une belle équipe à combattre et à se soutenir !
Qu’est-ce qui te plaît dans ce sport ?
J’aime bien sûr l’impact physique, l’adrénaline que le combat procure, mais la tactique et la variété de techniques possibles sont vraiment 2 points qui me font aujourd’hui préférer le sambo !
A quel moment as-tu pris conscience que tu pouvais remporter des titres internationaux ?
Quand j’ai gagné ma 1e médaille aux Championnats du Monde en 2012 ? Je ne croyais pas franchement en moi, mais mes années de judo étaient là et m’ont permis d’aller chercher cette médaille. J’ai aussi vu à ce moment-là tout le chemin à parcourir pour pouvoir aller chercher le titre, mais je savais qu’à fore d’entraînement, rigueur, discipline j’y arriverai !
Peut-on vivre du « sambo » ?
En France non, il y a très peu de moyens dans le sambo ! On travaille pour que cela change au sein du CFS, mais pour le moment ce n’est pas le cas. Dans les pays russophones c’est autre chose. De nombreuses de mes adversaires vivent du sambo, ce sont des athlètes professionnelles.
Qu’est-ce qui te fait lever le matin ? Qu’est-ce qui te motive ?
Le challenge. J’adore le challenge, des défis tous les jours, que ce soit au niveau sportif ou du travail. Je me mets des objectifs assez haut et ensuite je travaille dur pour les atteindre voire les dépasser ! Et puis mon homme, notre famille, les amis, et tous les petits plaisirs du quotidien, un rayon de soleil, un sourire,… Toutes ces petites choses qui font de chaque journée une bonne journée !
Comment s’organise ta saison sportive ? Peux-tu nous décrire une journée type ?
La saison est en générale rythmée par deux compétitions majeures : les Championnats d’Europe en Mai, les Championnats du Monde en Novembre. Du coup mes mois de repos sont Juin et Décembre, puis je reprends sur du travail foncier, de l’endurance, avant d’avancer petit à petit vers du travail explosif à l’approche de la compétition. Une semaine type c’est 4 à 5 entrainements sur le tapis (Judo et sambo), 2 à 3 séances de musculation, deux séances de course. Du coup sur la journée, c’est boulot le matin, préparation physique le midi, re-boulot l’après-midi et tapis le soir, 5 jours par semaine !
Quelle personnalité t’as inspiré étant jeune ?
Je ne pense pas m’inspirer d’une personne en particulier, mais plutôt de toutes les personnes que je croise qui m’apporte du positif.
Quelle personnalité t’inspires actuellement et pourquoi ?
Emma Watson, une femme influente, douce et simple (du moins en apparence !).
Qui vas-tu voir le plus souvent pour des conseils ?
Mon coach, Guillaume Alberti.
Le meilleur conseil qu'on t’ait donné ?
Entrainement, rigueur, discipline !
Quelle est ta plus grande fierté jusqu’à aujourd’hui ?
Mon titre aux championnats du Monde 2018.
Ton meilleur moment sur un tapis de sambo ?
Je ne sais pas s’il y en a un en particulier, mais en général à l’entrainement, en stage, quand je fais de grosses bagarres ou qu’on a des fous rires. Je me rappelle d’un stage à Moscou suite à la Coupe du Monde Kharlampiev à l’école mythique Sambo-70 : un super moment d’échange avec les autres nations, sans la pression de la compétition.
Le pire moment ?
Quand aux championnats d’Europe de Sambo de Crema en 2013 je prends une clé de bras en finale sur la russe alors que je savais qu’elle allait m’attaquer dessus. Elle engage une clé à la volée, et en essayant de défendre en la soulevant j’avais ses cheveux coincés sous mon pied du coup je n’ai pas pu la lever et…J’ai abandonné sur la clé !
Quelle musique pour t’accompagner durant une séance ?
Shakira – Waka waka : elle parle de batailles, de se relever et de ne pas abandonner…
Es-tu de nature stressé ? Et comment fais-tu pour faire diminuer ce stress ?
Pas franchement stressée de nature non, mais forcément à l’approche des combats la tension monte. Je visualise mes enchainements pour faire diminuer le stress en général.
As-tu un rituel avant un combat ?
Je me mets des claques et je fais un bond le plus haut possible pour la détente.
Ton plus gros coup de gueule sur un tapis de sambo ?
Aux Championnats d’Europe de Minsk en 2017 quand la Géorgienne me mord la cuisse pour tenter d’échapper à ma clé de bras. Elle m’a mordu presque à sang, j’étais furax, j’ai refusé de lui serrer la main ! Et j’ai eu un hématome pendant 15 jours.
Ta principale qualité ?
Ma détermination.
Ton pire défaut ?
Ma détermination : parfois j’en oublie ce qu’il y a autour, ça peut me jouer des tours.
Un défaut que tu ne supportes pas chez les autres ?
La fainéantise : enfin quand on veut quelque chose mais qu’on ne s’en donne pas les moyens.
Une qualité que tu apprécies chez les autres ?
La détermination !
Une devise ?
Entrainement, rigueur, discipline les gars !
Ça vient d’un entraineur de Hockey sur glace biélorusse de mes frères et mon père … J’ai grandi en l’entendant !
Ton expression favorite ?
Je bulle !
As-tu un surnom ?
Couette-couette… Parce que quand je combats je me fais toujours 2 couettes, depuis que je suis minime je crois. J’ai toujours trouvé que la fille qui avait la coupe la plus folle était aussi la plus forte !
Ton plat préféré ?
La raclette.
Ta boisson préférée ?
Le thé au lait, à l’anglaise !
Si tu étais un acteur / une actrice ?
Emma Watson.
Ton film préféré ?
J’en sais rien !
Ta série préférée ?
The Big Bang Theory, j’ai adoré cette série de scientifiques décalés.
Ton artiste préféré ?
Garou.
Gourmandise préférée ?
La tarte au citron meringuée.
Si tu étais un humoriste ?
Florence Foresti.
Si tu étais une chanson ?
« Ne la laisse pas tomber ».
Un livre de chevet ?
La Bonne Âme du Se-Tchouan.
L’appli indispensable et pourquoi ?
Whatsapp, pour pouvoir contacter mes proches où que je sois dans le monde !
Une émission télé ?
Je n’ai pas trop le temps de regarder la télé !
Regardes-tu du sport à la télé, si oui, lesquels ?
Rarement, mais j’aime beaucoup le rugby.
Ton petit plaisir un peu honteux ?
Le Nutella…
Qu’emmènes-tu sur une île déserte ?
Mon homme.
Si tu étais une partie du corps ?
Euh ? Surtout pas un nez. Un nez tout seul c’est moche. Quoique qu’un bras aussi tout seul c’est moche. Finalement c’est le tout qui fait l’harmonie et la beauté !
Si tu devais changer une chose chez toi, une seule, quelle serait cette chose ?
Etre moins tête en l’air !
Si tu avais un super pouvoir ?
Guérir.
On te confond avec qui ?
Ma mère !
Quel est ton passe-temps favoris en dehors du sambo ?
La lecture.
As-tu un autre sport favori ?
Le surf.
Dans un autre sport collectif, dans quelle équipe aurais-tu aimé jouer ?
Une équipe de handball je pense.
À quoi penses-tu avant de t’endormir ?
Aux choses positives de la journée, de petits plaisirs pour un grand bonheur.
Un rêve de gosse ?
Participer aux JO… Mais comme le sambo n’est pas encore au programme ça risque d’être compliqué.
Quels sont tes objectifs pour l’avenir ?
Faire éclore au sein du club les champions de demain.
Des personnes que tu aimerais que nous interviewons ?
Mon coach/homme !
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Facebook : https://www.facebook.com/laurefournierjudosambo
Allez les Françaises, Allez les Français – Novembre 2021
Photos mises en ligne avec l’accord de Laure Fournier
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